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Thomas Hugues« Mon Paris de la télé »

En trente années d’info à la télé, Thomas Hugues a travaillé dans un grand nombre d’arrondissements parisiens. Du 7e de la rue Cognacq-Jay où il a débuté à TF1 jusqu’au 6e du Palais du Luxembourg où il officie aujourd’hui sur la chaîne parlementaire Public Sénat en passant par le 8e des Champs-Élysées, son quartier de prédilection, l’ex-joker du 20 h de TF1 nous invite à une découverte des hauts lieux de la télévision française et célèbre, au passage, la beauté de la capitale.

Propos recueillis par François Viot


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Vous êtes natif de Versailles mais vous avez passé votre adolescence à Bordeaux. Quel regard avez-vous porté sur Paris quand vous l’avez redécouvert à vingt-trois ans ?

Un regard assez magique. C’était au mois d’août 1989. En sortant de l’école de journalisme de Lille, j’avais décroché un stage d’été à TF1. Je suis arrivé à Paris et j’ouvrais grands les yeux. J’avais le sentiment d’être né sous une bonne étoile. Je vivais chez mon frère aux Buttes-Chaumont et j’allais à Cognacq-Jay dans le 7e. La traversée des ponts de Paris au soleil couchant, c’est magique.


Vous avez connu à vos débuts le 13-15 rue Cognacq-Jay, un endroit mythique où est née la télé. « À vous Cognacq-Jay », non ?

C’était effectivement mythique de rentrer à Cognacq-Jay quand on est comme moi un enfant de la télé. Pendant des années, de l’autre côté, du poste j’entendais : « À vous Cognacq-Jay ! » Il y avait une humeur, une histoire. Les murs y ont une âme, ils ont le souvenir de ceux qui sont passés avant nous. C’était un lieu assez dingue, un vrai dédale, un labyrinthe… Le bureau des « infos géné », où je travaillais, était tout au bout d’un couloir au 2e étage. Les premiers jours pour rejoindre les cabines de montage, je me perdais. Il ne fallait surtout pas prendre l’ascenseur pour aller au mixage d’un sujet en direct. Le risque était grand d’y être bloqué.


Avez-vous retrouvé cette même ambiance quand vous avez travaillé rue Bayard à RTL ?

Oui je l’ai retrouvée avec ses deux immeubles raccordés, labyrinthiques aussi et pas très fonctionnels mais avec sa façade de Vasarely si emblématique.

À cette occasion, vous avez découvert ce quartier près des Champs-Élysées…

On est à deux pas des Champs-Élysées et des Invalides, du pont de l’Alma. Quand vous débarquez de province, c’est tellement beau qu’on savoure ce spectacle les premiers mois. J’allais souvent à l’heure du déjeuner avec le journal L’Équipe sous le bras dans un petit bistrot du côté des Invalides ou des Champs.


Êtes-vous un piéton de Paris ?

Je me suis beaucoup promené à Paris. Mais j’aime surtout prendre le taxi. Vous n’avez pas à vous préoccuper de la circulation, vous savourez les lieux et observez les gens. Et le chauffeur de taxi était un spectacle en soi. Dans les années 90, il ne sortait jamais un plan de Paris et il avait l’accent parisien.

À LCI où vous avez débuté, votre studio se situait dans une tour rue Olivier-de-Serres (dans le 15e près de la porte de Versailles), un autre lieu mythique qui a vu naître Canal+…

J’ai passé une année à LCI, où je présentais la matinale. C’est surtout pour moi le souvenir de réveils à 2h30 du matin, la traversée nocturne de Paris avec les fêtards qui terminaient leur nuit et les matinaux qui démarraient leur journée. Nous étions au rez-de-chaussée et je n’ai pas eu l’occasion de monter au dernier étage de cette tour pour la vue sur Paris…

Puis, il y a eu l’autre chaîne tout info Itélé située dans le quartier de Montparnasse.

C’est l’occasion de parler des gares. J’ai toujours aimé cette excitation du départ quand vous partez en reportage ou en vacances. C’est la promesse d’un voyage, d’une surprise. J’aime bien cette part d’inconnu.


Montparnasse est entre les 14e et 15e arrondissements qui étaient encore populaires. Avez-vous connu ce Paris-là ?

Je croise le Paris plus populaire dans les troquets. J’aime bien aller boire un café, me poser tout seul et observer. Il faut avoir un carnet pour prendre des notes. C’est une mine de réflexions et de regards sur l’actu. J’aime cette observation un peu tranquille. Quand on est journaliste, on est des observateurs…

Que pensez-vous de la gentrification de Paris ?

Ça dépend des quartiers. Dans le 11e ou le 20e, il y a encore un brassage social. C’est le Paris métissé. Je vais souvent au théâtre. Par exemple, les Folies-Bergère, c’est un lieu dingue, le théâtre le plus Art déco de Paris. Sa salle est majestueuse. Elle a connu plusieurs histoires avant, c’était une sorte de grand magasin (1). Et quand on la chance d’être invité par les comédiens qui y jouent, je vais les saluer en coulisses. Et là, vous avez des affiches, des photos de comédiens qui y ont joué, et vous voyez défiler tous les grands noms du théâtre et du cinéma français.


Vous habitez Boulogne-Billancourt. Était-ce pour être plus près du siège social de TF1 ?

Non, j’y habite depuis quinze ans et je n’étais déjà plus à TF1. J’y ai scolarisé mes enfants. C’est la proximité des médias, de Paris et surtout de deux lieux – certes parisiens mais proches de Boulogne-Billancourt – où j’ai connu de grandes émotions sportives. Au Parc des Princes où je vais voir tous les matchs de PSG. J’y ai mes copains de stade. À Roland-Garros aussi. C’est l’événement sportif qui annonce l’été. J’aime l’ambiance, l’excitation du moment. Une sorte de bain d’énergie quand la saison estivale démarre.

Aujourd’hui, vous êtes à Public Sénat où vous enregistrez votre émission Sens public au Sénat. Est-ce pour vous un lieu magique ?

On est effectivement au Sénat : le studio est sous l’hémicycle. Le cadre est dingue, ce sont des siècles d’histoire de France et de sa démocratie qui vous entourent. Cela fait un an que j’y rentre avec mes fiches sous le bras, je ne m’en lasse pas. Tout est beau comme mes premiers mois à Paris.


Avez-vous le temps de vous promener dans les jardins du Luxembourg tout proches ?

Entre Public Sénat et B Smart (lire encadré), mes journées sont assez denses. Parfois au printemps, j’achète une glace et je vais m’y balader un quart d’heure. C’est une bulle de tranquillité…


Quels sont vos monuments parisiens préférés ?

J’aime beaucoup la place de la Concorde, surtout la nuit avec ses lampadaires éclairés. Il y a une sorte de magie. J’y ai de beaux souvenirs personnels. Je me souviens d’un dîner complètement dingue dans une nacelle à 20 m de haut dans les jardins des Tuileries avec vue sur la place. Un événement hors du temps improbable…


Et votre quartier de prédilection ?

Ce n’est pas facile de choisir. Mais les premiers moments sont marquants. C’est toujours celui de mes débuts, le quartier de l’Alma, des Champs-Élysées. J’ai mes adresses de restau dans ce coin. Et j’y retourne pour B Smart où j’enregistre mes émissions rue Chateaubriand près des Champs-Élysées. Je vais m’y promener et retrouver le spectacle de la rue.


Souffrez-vous du Paris des embouteillages et des nombreux travaux ?

Je fais partie des dinosaures qui continuent de circuler en voiture. C’est absurde et illogique. C’est ubuesque de circuler dans Paris. Mais j’essaie toujours de marcher du côté ensoleillé de la rue et voir le bon côté des choses. Le succès des pistes cyclables est un marqueur intéressant. Pendant une petite année, je venais à vélo de Boulogne-Billancourt à la rue Bayard quand RTL y avait ses studios. C’était il y a six ans et il n’y avait pas grand-monde sur la piste cyclable. Il y a eu un changement de comportement ultra rapide.


Les Jeux olympiques de 2024 sont-ils une chance pour Paris ?

Aucun doute là-dessus. Les Jeux coûtent toujours plus cher aux villes qu’ils ne rapportent. Mais c’est un accélérateur de modernisation, l’impact est grand auprès de touristes, des investisseurs. Pour toutes ces raisons, c’est une chance pour Paris et au-delà pour la France puisque d’autres villes vont profiter de l’aura des Jeux comme Lille, Marseille jusqu’à Tahiti…


Paris est-elle toujours pour vous la plus belle ville du monde ?

Il y a un match avec Rome. Quand je rentre en France, je mesure la chance d’être dans un pays où il fait bon vivre. Il y a le Paris de carte postale d’Amélie Poulain qui existe encore avec son identité très forte. C’est agréable d’en faire partie. Et puis il y a Paris et son histoire, ses ponts que j’adore traverser au soleil couchant…

Un magasin de literie, dans le 9e.


Thomas Hugues, un animateur « curieux »

Après avoir été le joker du 20 h de TF1, le journaliste de LCI, Itélé et CNews et le présentateur de Médias le mag sur France 5, Thomas Hugues anime depuis un peu plus d’un an Sens public, une émission de débats sur Public Sénat. « C’est une émission où l’on privilégie la parole de spécialistes et d’experts dans leur domaine, dit-il. Où on leur donne le temps de creuser les thématiques choisies. 45 mn pour chaque thème, ce temps est un luxe pour expliquer ce monde en train de changer radicalement. » Et cela marche : de 250 000 à 300 000 téléspectateurs en audience cumulée avec la diffusion du lundi au jeudi 18 heures et sa rediffusion de 22 heures. Dirigée par Christopher Baldelli, l’ancien directeur général de France 2, Public Sénat a vu son audience progresser de 32% de janvier à juin 2022 (0,3% de Pda d’après le Médiamat-Thématik). La chaîne qui partage le canal 13 avec LCP-Assemblée nationale sur la TNT touche en moyenne 29 millions de téléspectateurs par mois en audience cumulée. Elle est en canal 24/24 sur l’ensemble des FAI, en flux live sur Salto et depuis octobre dispose d’un corner de ses programmes en replay sur MyCanal.

Thomas Hugues présente aussi plusieurs émissions sur B Smart, la chaîne de l’info économique reçue uniquement sur les box d’Orange, Bouygues Télécom et Free. « Depuis une quinzaine d’années, j’ai fait des choix qui n’étaient pas dictés par l’audience mais par la curiosité, explique-t-il. Il y a peu de médias comme B Smart qui donnent la parole aux entreprises. Elles structurent notre existence et en même temps on passe notre temps à les soupçonner et à accuser les cadres dirigeants de tous les maux de la terre. » Son émission Smart Impact (du lundi au vendredi à 10 heures, rediffusion à 16 h 30), le rendez-vous de l’économie responsable et durable, lui permet de scruter la mutation de notre économie. « C’est la seule émission quotidienne du PAF qui ne parle que de transition écologique et sociétale », insiste-t-il. Pour la rentrée de septembre 2023, l’animateur de La curiosité est un vilain défaut avec Sidonie Bonnec sur RTL pendant six saisons aimerait bien refaire de la radio. Avis aux amateurs !

 
 
 

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