Le 17e arrondissement Communautés religieuses et squares Klervi Le Collen
- anaiscvx
- Apr 27, 2024
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Arrondissement relativement calme, résidentiel et chic, peu marqué par le tourisme, il compte comme le 16e arrondissement de nombreuses ambassades et consulats (Arménie, Népal, Rwanda…). S’il n’y a pas d’hôpital de l’assistante publique et peu de musées (Jean-Jacques Henner), on remarque toutefois de nombreux lieux de cultes catholiques ou protestants ainsi que la présence de communautés religieuses. Le nombre de squares et d’espaces verts y est très important. Quant à celui des résidents, il s’élevait à 75 228 en 1865 et à 161327 en 2006, ce qui en fait le sixième arrondissement le plus peuplé de la capitale.

Longtemps détaché de Paris (jusqu’en 1860), les Batignolles (« petite Bastide ») est au départ un quartier qui appartient à Clichy. Ce n’est que sous le Premier Empire que les Batignolles connaissent une vague de construction grâce à un projet immobilier de petites maisons et de grands immeubles. Sous Charles x, le quartier accède à son indépendance et devient une commune, celle des Batignolles-Monceau. Le quartier des Épinettes correspond au secteur actuel de la Fourche. Le drôle de nom « Épinettes » semble provenir du nom du raison et du cépage qui y était cultivé dans les années 1700.
Les Ternes
Le quartier, reconnu comme l’un des plus chics de la capitale, a comme axe principal, l’avenue des Ternes. Il s’est érigé sur une partie de l’ancien village du Haut-Roule et sur une partie de la plaine des Sablons qui correspond alors à l’un des principaux axes de la capitale sous Lutèce. Cette route facilite l’accès à l’ouest du pays, à savoir la Normandie et la Bretagne. L’étymologie de Roule semble provenir des rouliers qui s’occupent du transport des marchandises. Plus tard, Louis XIV commande une route mieux équipée afin d’y accueillir le trafic jusqu’à l’actuelle place de l’Étoile, qui sera réaménagée pour atteindre la Seine dans les siècles qui suivent. Longtemps peu peuplé, le village des Ternes, qui est rattaché à plusieurs villes limitrophes de la capitale, se développe autour d’un château féodal et ses terres sont très prisées pour la chasse.
Les modifications prévues par l’enceinte des Fermiers généraux puis par l’annexion de 1860 modifient la physionomie de ce quartier ainsi que des autres quartiers limitrophes composant aujourd’hui le 17e arrondissement. Dès 1820, plusieurs promoteurs immobiliers spéculent sur ces terrains et créent des lotissements, quartier que l’on renomme « Ferdinandville ».
Ferdinanville
L’une des particularités de ce quartier est qu’à la fin du xixe siècle, de nombreux constructeurs et vendeurs d’automobiles et de vélocipèdes (cycles à propulsion humaine) s’y installent, au niveau de l’avenue de la Grande-Armée, du boulevard Pereire, de la rue Brunel.... Dans un annuaire de 1900, une cinquantaine de garages y sont d’ailleurs recensés. À proximité de ce pôle se situe la salle Wagram (entre l’avenue du même nom et la rue de Montenotte). Cette salle de spectacle inaugurée sous le Second Empire raconte l’histoire des fêtes parisiennes. Vers 1812, en dehors de l’enceinte des fermiers généraux, Dourlans, un ancien soldat de la Garde impériale, décide d’y créer une guinguette puis le bal Dourlans, qui n’aura de cesse de s’agrandir et d’attirer la jeunesse parisienne qui y vient pour y danser des quadrilles et les valses à la mode.
En 1865, l’architecte Adrien Fleuret, qui s’est illustré avec la création du théâtre Marigny quelques années plus tôt, offre une nouvelle salle de spectacle et de bal. Inscrite aux Monuments historiques de 1981, elle se compose de deux salles (Wagram et Montenotte). Le nouveau lieu est régulièrement loué pour des célébrations, des banquets politiques (comme le congrès socialiste). On y célèbre à vingt et une occasions le bal des 4’Z’Arts entre 1905 et 1952. Et des combats de boxe. La salle Wagram y accueille également deux salons des Cycles en 1894 (janvier et décembre). Plus de trois cent cinquante exposants viendront présenter leurs 820 cycles ainsi que les premières pétrolettes mises sur le marché.
Les pétrolettes sont les premiers modèles de motocyclette qu’on produira à partir de 1895. Les entreprises Duncan et Suberbie rachètent les brevets à la marque allemande Hildebrand et Wolfmüller. Ces motos se vendent bien, dans un premier temps. Cependant, elles ont de gros défauts techniques et, de ce fait, les concessionnaires doivent rembourser les acheteurs. Le quatrième salon inclut désormais les voitures, ce qui inaugurera la première exposition d’automobiles en 1896. Le succès est tel que l’exposition est délocalisée en 1900 au Grand Palais. Aujourd’hui, il demeure toujours des traces de ce passé automobile avec la présence notamment des sièges de Peugeot et de Valéo.
Les ateliers Monduit
Le Second Empire voit également s’améliorer la maîtrise et les techniques des activités artisanales, grâce à une meilleure connaissance des matériaux ainsi que des processus de fabrication. En lien avec l’industrie métallurgique, l’art de la sculpture évolue en utilisant de nouvelles matières et des méthodes de fabrication novatrices. On fabrique notamment des statues représentant des hommes importants mais également des animaux ou des allégories des événements. Ainsi, de nouveaux entrepreneurs proposent désormais leurs réalisations, à la croisée de l’artisanat, de l’industrie mais aussi de l’art. Parmi ces entreprises innovantes, au 25 rue de Chazelles se situe les ateliers Monduit, spécialisés dans la plomberie d’art. Les artisans y fabriquent des œuvres dont certaines seront mondialement reconnues.
L’entreprise, qui perdure de 1770 à 1970, travaille avec les architectes les plus à la mode parmi lesquels Eugène Viollet-le-Duc, Charles Garnier et Auguste Bartholdi…
À l’initiative de cette entreprise familiale qui est active pendant deux siècles : Louis Monduit. Limougeaud d’origine, il monte avec sa famille sur Paris. Tout au long de ce trajet, ils participent à plusieurs chantiers qui leur permettent de se former. Plus tard, ses descendants se lancent dans la plomberie et son petit-fils, Honoré (1824-1893), s’associe en 1860 avec Béchet, lequel fabrique des appareils à gaz. Installés rue Chazelles, leur expertise dans la plomberie et l’usage du cuivre à des fins artistiques les conduit à remporter de nombreuses et gigantesques commandes émanant de plusieurs gouvernements et de particuliers. Ils fabriquent des gargouilles, des sculptures… et contribuent même à la mise en réseau des canalisations de divers cours d’eau.
Récompensés lors des Expositions universelles (1851, 1867, 1878, 1879, 1889, 1900…), les associés puis les repreneurs de l’entreprise Gaget Gauthier et Cie (1880) participent peu ou prou à la rénovation (ou en fonction des demandes) à la création de monuments : la flèche de Notre-Dame-de-Paris, la restauration de la colonne Vendôme (détruite par les communards en 187)1, la lanterne de la coupole de l’Opéra, la fontaine Saint-Michel, le pont Alexandre-III, les couvertures du château de Pierrefonds. Entre trois cents et trois cent cinquante personnes y sont employés.
Mais leur œuvre la plus exceptionnelle reste incontestablement la statue de la Liberté de New York qui représente la sculpture la plus immense jamais construite.
Le sculpteur alsacien Auguste Bartholdi s'est vu confier le projet d’une statue destinée à sceller les rapports franco-américains mais également dédiée à la célébration du centenaire de la Déclaration d’indépendance. Si les Américains conçoivent le socle destiné à être implanté sur l’île de Bedloe, à Manhattan et face à l’océan, l’atelier doit fabriquer la statue sous forme de trois cent cinquante pièces détachées qui seront assemblées une fois exportées aux États-Unis. L’entreprise de Gustave Eiffel élabore l’ossature en fer.
Et l’entreprise Gaget Gauthier et Cie loue un terrain de 3000 m2 dans la même rue que les ateliers pour y sculpter des feuilles de cuivre (de 2,5 mm) qui seront fixées sur la partie réalisée par Eiffel. Plusieurs morceaux de la statue sont exposés en fonction de l’avancée de la construction et la tête est présentée dans les jardins du Champs-de-Mars en 1878.
La statue commence à sortir de terre, rue de Chazelles. L’endroit attire les curieux et les badauds qui viennent se promener dans la Plaine-Monceau. Même Victor Hugo la visite en 1883. Les touristes peuvent s’offrir une miniature construite au sein même de l’atelier. En 1886, la statue quitte le 17e pour rejoindre directement New York.
Les gares de Pereire-Levallois et de Courcelles Ceinture
Mise en service le 2 mai 1854, la gare de Pereire-Levallois s’inscrit dans un contexte d’expansion ferroviaire très important qui a débuté en janvier 1828 avec l’ouverture de la première voie ferrée française reliant Saint-Étienne à Andrézieux. La direction générale des Ponts et Chaussées établit un programme de chemins de fer dès 1832. Sous Napoléon III, le réseau s’étoffe pour ressembler, en 1859, avec les grandes lignes, à celui que nous connaissons aujourd’hui. En raison de l’importance du trafic, de nombreuses gares sont construites et agrandies. Parmi ces gares, on retrouve aussi celle de Courcelles-Levallois, station centrale sur la desserte reliant Saint-Lazare à la gare d'Auteuil. Non loin de là, face à la demande croissante de mobilité, sur l’actuelle place Loulou Gasté, on inaugure la gare de Courcelles Ceinture, station de la Petite ceinture, en mars 1869. Ce point névralgique du réseau de la capitale est alors conçu par l’architecte Just Lisch. Son architecture, inspirée d’une pagode, est reprise pour la création d’autres gares comme celles des Invalides ou de Javel. Lors de la fermeture de cette ligne en 1934, les voies sont réquisitionnées pour la maintenance ferroviaire d’autres lignes et le bâtiment rasé en 1950. À la place s’érigent des immeubles destinés aux salariés de Gaz de France.
Lors de la fermeture de la gare d’Auteuil en 1985, la gare sera modernisée et couverte afin de garantir moins de nuisances sonores pour les riverains et deviendra une station importante du RER C, rebaptisée en 1988 Pereire-Levallois. Sa fréquentation annuelle est de 5 248 800 voyageurs pour l’année 2016, ce qui en fait un lieu de passage très important.
Aujourd’hui, le 17e arrondissement est en plein réaménagement et se modernise. Les terrains de l’ancien dépôt de la SNCF ont été rachetés afin d’y accueillir des nouveaux immeubles sociaux. Le palais de Justice impressionne par son architecture originale et sa taille gigantesque. Enfin, le parc Martin Luther King prévoit d’offrir, cette année, dix hectares aux promeneurs pour devenir le huitième parc le plus grand de la capitale. La gestion de ce square a pour ambition de présenter un bilan carbone nul, l’utilisation d’une éolienne ainsi qu’un usage faible d’insecticides.
En quatre quartiers
L’arrondissement de Batignolles-Monceau est très étendu sur le nord-ouest de la capitale et limitrophe aux communes de Neuilly-sur-Seine, Levallois-Perret, Clichy-la-Garenne et Saint-Ouen-sur-Seine. Les quatre quartiers administratifs qui composent les 567 ha du 17e arrondissement sont les quartiers des Ternes, de la Plaine-de-Monceaux, des Batignolles et des Épinettes.
La plaine Monceau
Longtemps fréquentée pour ses terrains de chasse, la plaine Monceau (signifiant « mont chauve » ou « couvert de mousse ») est réaménagée pendant tout le Second Empire. De nombreux immeubles haussmanniens sont construits et, sur les terrains vacants, des entrepreneurs y créent leur sociétés.
13 500 C’est le nombre de commerces (alimentaires, non-alimentaires, de construction…) du 17e arrondissement actuellement répertoriés à la Chambre de commerce et d’industrie.
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