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DE LA PORTE DES LILAS À LA RUE MOUZAÏA SUR LES HAUTEURS DE LA BUTTE DU CHAPEAU ROUGE

19e arrondissement


Ce secteur, bordé de grands boulevards au nord-est de la capitale, couvre la Porte des Lilas, la Porte du Pré Saint Gervais et la rue de Mouzaïa. Îlot préservé, il a conservé le charme des années 50, avec ses jardins et ses petites maisons.

Texte et photos : Emmanuelle Papot. Carte : Jean-François Krause.


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Le métro Porte des Lilas (ligne 3 Bis et ligne 11) évoque une chanson : « Je suis le poinçonneur des Lilas/Le gars qu'on croise et qu'on n'regarde pas […]/J'fais des trous des p'tits trous encore des p'tits trous. » La station, immortalisée par Serge Gainsbourg en 1958, a été ouverte le 27 novembre 1921 pour la ligne 3. C'est un véritable dédale où les passagers pressés peuvent facilement se perdre… Intéressante par ses couloirs et sa profondeur, la station a été la tête de la première ligne de métro sur pneus (ligne 11), inaugurée en novembre 1956. C'est un nœud entre deux lignes : la 11 et la 3 bis, cette dernière étant la plus courte du réseau parisien avec seulement 1.3 km de parcours et 4 stations. Elle a aussi la particularité d’avoir une station fantôme, un quai abandonné depuis 1939, qui sert aujourd’hui de décor au cinéma, comme dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ou Les Femmes de l’ombre.

En extérieur, la station, qui a conservé ses petits carreaux de mosaïques art déco PHOTO 3, donne sur la Porte des Lilas, une ancienne porte de Paris ouvrant en 1867 sur la commune des Lilas et qui a pris cette appellation à cause du fort parfum de lilas que les jardins du Second Empire exhalaient alors.

Un peu plus loin, en face de la station au croisement du boulevard Sérurier et de la rue de Belleville, a été conservé « le regard des Maussins », un petit édifice de pierre qui, comme la plaque apposée le rappelle, date pour sa construction visible du xviie siècle mais dont l’utilité remonte au Moyen Âge. L'ouvrage a été construit pour recevoir les eaux de source du Pré Saint Gervais et a été déplacé en 1963 de 350 m lorsque le réservoir des Lilas a été construit à son tour.

À quelques mètres est implanté au n°18 du boulevard Sérurier – l’un des tronçons des boulevards des maréchaux créés par Haussmann, qui porte le nom depuis 1864 du comte Jean Mathieu Philibert Sérurier (1742-1819) –, le centre des Archives de Paris installées ici depuis la fin des années 1990. En face s’ouvre le passage des Mauxins. Cette voie est une partie d'un ancien chemin de l'ancienne commune de Belleville, rattachée à Paris par la loi d'extension du 16 juin 1859. Il est classé dans la voirie parisienne par un arrêté du 2 septembre 1952. Charmant, il permet de découvrir le petit chemin privé verdoyant de la villa des Iris. On admire la jolie façade avec des couronnes de fleurs en mosaïque de l’école élémentaire. Il croise la rue Haxo – du nom du général d'Empire François Nicolas Benoît Haxo (1774-1838) – qui en quelques mètres conduit au croisement du boulevard Sérurier et du boulevard d’Algérie (dénomination du 10 mai 1933 en référence aux départements français d’Algérie).


Notre-Dame de Fatima

Ici s’élève le sanctuaire Notre-Dame de Fatima-Marie-médiatrice, enclavé par l’hôpital universitaire Robert-Debré. Cet hôpital d’une surface de 80 000 m2 porte le nom de Robert Debré (1882-1978), considéré comme le père de la pédiatrie française moderne. Le site a été conçu par l’architecte Pierre Riboulet (1928-2003) et inauguré le 21 mars 1988 par le maire de Paris de l’époque, Jacques Chirac.

L’église Notre-Dame-de-Fatima a, quant à elle, été élevée à la suite d’un vœu formulé en 1944 par le cardinal Suhard qui avait promis de faire élever une église à la Mère de Dieu si la Vierge sauvait Paris de la destruction par les Allemands. Cette église, bâtie en béton entre 1951 et 1954 par l’architecte Henri Vidal, est consacrée à Notre-Dame Médiatrice de toutes Grâces et est aujourd’hui confiée aux soins de communauté portugaise de Paris sous l’appellation « Notre-Dame-de-Fatima-Marie-Médiatrice », rappelant les apparitions miraculeuses de la Vierge à trois petits bergers portugais en 1917. Cet édifice est remarquable par son campanile haut de 58 m. À l'intérieur, ses murs sont décorés d'une imitation de dallage en pierre et parsemés de petits vitraux non figuratifs.


Le parc de la Butte du Chapeau Rouge

Le boulevard d’Algérie permet de rejoindre rapidement le parc de la Butte du Chapeau Rouge qui surplombe la plaine du Pré Saint-Gervais. De style néoclassique, il a été créé en 1939 par l’architecte Léon Azéma, à qui l’on doit le palais de Chaillot, et couvre une superficie de 46 880 m² offrant un bel espace de respiration aux riverains. Il a été conçu à l’emplacement de carrières de gypse exploitées pour la construction des immeubles parisiens et a pris le nom d’une ancienne guinguette du quartier. On peut y admirer plusieurs sculptures dont, au centre, le Monument aux victimes d’Afrique du Nord (1995) de l’artiste Eugène Dodeigne, inauguré le 11 novembre 1996. Au sol, plusieurs inscriptions sur plaques rappellent, pour l’une la mémoire des harkis morts pour la France durant la guerre d’Algérie, pour l'autre la mémoire des victimes civiles durant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie. La seconde surplombe la grande fontaine située à la grande entrée donnant sur le boulevard. Il s’agit de Ève (1938) par Raymond Couvègnes. Une troisième se situe en allant vers la Porte Brunet, au niveau du square pour enfants : L'Enfance de Bacchus, de Pierre Traverse (1938).


Comme un air de campagne

La sortie Porte Brunet permet de rejoindre, par l’avenue éponyme puis la rue du général Brunet (officier ayant participé à la campagne d’Algérie au xixe siècle), la jolie place de Rhin et Danube et de découvrir un petit quartier-village aux appellations très républicaines. Ce petit espace circulaire a été nommé en souvenir de la 1re armée française qui s'est illustrée, entre 1943 et 1945, à la campagne d'Italie, au débarquement de Provence, puis a combattu sur le Rhin et le Danube. Déjà, à son ouverture en 1875, elle avait été nommée « place du Danube ». Au centre s’élève une œuvre, inaugurée en 1933, de Léon Deschamps : la Moisson (l'originale avait été réalisée en 1891). Par la petite rue de la Fraternité, on accède à un quartier préservé : le sol étant friable, il n'autorise pas la construction de grands immeubles. Avec les rues de la Liberté et de l’Egalité, elles ont toutes trois été ouvertes en 1889 pour le centenaire de la Révolution française. Au n°5 de la rue de la Fraternité se situe l’Œuvre de la Bouchée de Pain, fondée dès 1884 par les époux Dehaut. Plusieurs réfectoires servent encore des repas aux plus démunis.

La petite rue de la Liberté aux jolies constructions conduit à la rue de Mouzaïa, dénommée ainsi par un arrêté du 1er février 1877 en référence à la gorge d’Algérie où se sont déroulés des combats en 1839 et 1840. À noter, comme le rappelle une plaque posée au n°10, que le quartier, comme d’autres secteurs du 19e arrondissement, a été bombardé dans la nuit du 16 au 27 août 1944 par l’aviation allemande. Dans cette rue, l’ensemble des bâtiments conserve son charme, telle l’église Saint François d’Assise au n°9, en brique, réalisée entre 1914 et 1926 par les frères Paul et Augustin Courcoux. La très jolie porte au n°14 ou le bâtiment de style mauresque au n°31 sont bordés de voies adjacentes aux petites maisons, « villas » situées le long d'allées étroites, pavées et arborées.

La rue de Mouzaïa rejoint ensuite le boulevard Sérurier, au niveau de la station Pré-Saint-Gervais ayant conservé son édicule Guimard, malheureusement accolé à un immeuble. En poursuivant, on retrouve de nouveau Notre-Dame de Fatima et le site des Archives de Paris devant lesquelles a pris place un étonnant pigeonnier... .

 
 
 

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